Longtemps confié aux soins exclusifs des experts, l’enseignement élémentaire fait assez brutalement irruption dans le débat public à partir de 2005. En peu d’années, ce dernier s’empare de trois séries de données auxquelles seuls jusque-là quelques chercheurs faisaient référence, bien qu’elles aient été publiées par le ministère de l’éducation nationale :
Le constat du rendement pédagogique limité de l’école élémentaire peut conduire à deux conclusions très différentes.
Dans un premier cas de figure, on se convainc du caractère inévitable d’un fort taux d’échec dans l’acquisition du lire-écrire-compter, qui semble d’ailleurs confirmé par son apparente incompressibilité depuis des décennies, malgré la batterie des mesures de remédiation qui ont pu être mises en place. On se laissera dès lors aisément séduire par l’objectif de doter les élèves en difficulté d’un « socle commun de connaissances et de compétences » censé faciliter leur insertion sur le marché du travail.
C’est là cependant une façon d’habiller les inégalités scolaires qui les rend peut-être plus présentables, mais qui intéresse surtout le contrôle patronal du marché de l’emploi peu qualifié. On peut refuser cette solution, et c’est un second cas de figure, en prenant en considération les exigences du développement démocratique d’une société hyper technicisée, lequel suppose en effet une élévation massive de la culture générale et technologique des jeunes générations ; en s’attachant également à répondre à la demande des familles, qui aspirent dans tous les milieux sociaux aux études supérieures pour leurs enfants ; et en s’appuyant enfin sur la conviction, étayée par la recherche, que tout enfant entré normalement dans le langage doit pouvoir entrer tout aussi normalement dans la culture écrite.
Cette seconde perspective est celle qu’a adoptée le GRDS. La question de l’efficacité des apprentissages élémentaires acquiert ici une importance décisive. Leur réussite a un impact absolument crucial en effet sur toute la suite de la scolarité. Au point que se résoudre à leur faible efficacité actuelle reviendrait à abandonner toute espérance démocratique. Il n’y a pas d’autre voie que d’entreprendre leur réexamen à nouveaux frais, en tenant compte de l’échec avéré des types de remédiations mis en œuvre au long des dernières décennies.
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