Ouvrages de Mlle Brès (1855-1919) présentés sur le blog :
- J'apprends à compter Un ! deux ! trois !
- Mon premier alphabet. Lecture et écriture
- Jeux et occupations pour les petits
- Une pensée par jour (365 maximes morales)
- (avec Pauline Kergomard) L'enfant de 2 à 6 ans - Notes de pédagogie pratique
AVANT-PROPOS
L’heure de la première classe doit en général sonner tôt
pour l’enfant, soit que le petit être se fatiguant par excès de mouvements, sa
mère désire mettre dans ses journées un moment de calme relatif et comme une
halte au milieu du jeu, soit qu’il se lasse d’une continuelle liberté d’action
et qu’on veuille le soustraire aux fâcheux conseils de la satiété et de l’ennui.
Mais il est essentiel de ne pas dépayser trop un enfant
et de le maintenir au contraire le plus possible dans son milieu ordinaire et
dans les circonstances familières dont il doit apprendre à tirer peu à peu le
meilleur parti pour lui et pour autrui.
La classe même doit donc laisser le petit enfant parmi
ses jeux et ses jouets ; mais, qu’elle fasse de ceux-ci le point de départ d’une
série d’exercices méthodiques où les qualités propres du jeu sont conservées,
surtout son heureux mélange d’activité physique et d’activité intellectuelle.
Or, par le fait seul que ces exercices sont réglés et
réguliers, un élément éducatif se glisse dans le jeu, en sorte que les
facultés naissantes de l’enfant sont soumises à une bienfaisante discipline;
faut-il davantage ? et tout le but de cette première éducation n’est-il pas de
commencer à donner de bonnes habitudes de pensée, de parole, d’action ?
C’est, comme on le voit, très simple et pourtant aucun
enseignement ne demande, dans la pratique, plus d’ingéniosité, de prudence et
de prévoyance; de l’ingéniosité, pour cultiver les facultés les plus diverses :
l’attention, la persévérance, l’activité, la volonté, etc. ; de la prudence,
pour n’exiger de l’enfant aucun effort au-dessus de sa portée, ne lui imposer
aucune tâche qui le décourage ou le rebute ; de la prévoyance, enfin, puisque,
en raison de la ténacité des premières habitudes, dans l’enfant on prépare l’homme.
À titre d’indication dans cette voie, et avec le concours
de mères et d’institutrices expérimentées, nous avons repris ici un à un
plusieurs jeux et jouets ordinaires (Note : Il en existe plusieurs autres
dont on pourrait également tirer un excellent parti éducatif : ce sont en
particulier tous ceux que l’on nomme « les joujoux », poupées, ménages, trains,
chariots, qui, judicieusement et méthodiquement employés à l’imitation de la
vie usuelle, seraient l’occasion de mille jeux et enseignements.), en proposant
au fur et à mesure un grand nombre d’occupations propres à amuser et à
intéresser les enfants tout en leur faisant acquérir et de l’adresse, et quelques
habitudes qui les préparent aux travaux plus sérieux de l’avenir. Nous avons,
en outre, puisé à, toutes sources, ne négligeant pas plus les exercices dès
longtemps connus que ceux inventés et proposés au jour le jour dans les
périodiques français et étrangers ; notre seule et unique règle a été de ne
retenir que les plus pratiques, puis nous les avons groupés dans un ordre aussi
rationnel que possible.
Le volume que voici est donc surtout une œuvre de
compilation et de classement méthodique.
Tous les exercices réunis ici sous dix rubriques ont à la
fois une utilité générale d’éducation et un ou plusieurs buts spéciaux, c’est-à-dire
qu’ils tendent au développement de certaines facultés en particulier.
Note : Pour indiquer la place à faire à ces
exercices, nous ne saurions mieux faire que de rappeler le programme du 18
janvier 1881, qui régit actuellement l’école maternelle, et le commentaire qu’en
a fait une éducatrice autorisée s’il en fut. Le programme comprend :
1° Des jeux, des mouvements gradués accompagnés de chant
;
2° Des exercices manuels ;
3° Les premiers éléments d’éducation morale ;
4° Les connaissances usuelles ;
5° Des exercices de langage, des récits, des contes ;
6° Les premiers éléments du dessin, de la lecture, de l’écriture
et du chant.
En comparant ce décret de janvier 1881 avec
celui du 12 août 1881, des modifications de la plus haute importance sautent d’abord
aux yeux : Le développement physique étant la base de l’éducation, le programme
débute par les exercices physiques placés à, la fin du programme du 12 août : l’enfant
exerce d’abord ses jambes, ses bras, sa voix, ses sens, par les jeux, les
mouvements gradués, les chants ; il devient adroit de ses mains et développe
son goût par les exercices manuels. (Monographies pédagogiques. Les Ecoles maternelles, par Mme KERGOMARD.)
C’est ce que nous allons exposer en quelques mots.
1. Jeux de balles.
— Les balles, tout en satisfaisant ou stimulant l’activité de l’enfant, ont
pour but de lui enseigner à discipliner ses mouvements. En outre, étant en
général colorées, elles servent à l’étude des couleurs.
2. Enfilage des perles. — L’enfilage des
perles, qui procure à l’enfant le plaisir très vif et très sain de voir son
travail produire un résultat durable, exige un véritable effort d’attention et
d’adresse pour que le trou de la perle se rencontre avec le fil; de plus, les
perles ont la même utilité que les balles au point de vue des couleurs.
3. Constructions et carrelage. — Les travaux en briques, cubes et planchettes sont l’occasion
de la première étude expérimentale des lois de l’équilibre et de la symétrie,
ce qui suppose beaucoup de patience et met en jeu la persévérance et les
facultés d’attention et de comparaison.
4. Modelage. — Manier la terre glaise pour lui faire reproduire une
forme qu’on a sous les yeux ou dans la mémoire, quelle tâche à la fois malaisée
et intéressante pour l’œil, la main — et l’intelligence qui les guide !
5.
Dessin. —
L’utilité du dessin n’est pas à démontrer, mais ses difficultés sont si grandes
qu’on peut se demander s’il est à la portée des petits enfants. — Sans doute,
pourvu que l’on divise et que l’on échelonne ces difficultés. C’est pourquoi
les bâtonnets et les anneaux sont ici les premières lignes employées pour
figurer soit des silhouettes d’objets, soit des motifs d’ornementation. Après
quoi vient le tracé sur papier quadrillé ou pointillé, puis sur papier non
jalonné. Simultanément d’ailleurs, les petits élèves sont encouragés à figurer
ou dessiner librement telle scène ou tel objet qu’il leur plaît.
6.
Piquage et broderie. — Le piquage et la broderie sont l’initiation à la couture, initiation
opportune, non seulement pour les fillettes, mais aussi pour les garçonnets. En
outre, ces travaux offrent l’occasion de leçons de goût à propos des alliances
de couleurs.
7. 8. 9. Tressage. Tissage. Pliage. — Le
matériel ordinaire de ces travaux, le papier, fait par sa fragilité
continuellement appel aux soins, à l’adresse, à la prudence et au bon jugement,
car, si la première manipulation est maladroite ou inconsidérée, le papier n’en
supporte guère une seconde, et dans tous les cas il garde des traces
indélébiles de la précédente. — Même observation que ci-dessus en ce qui
concerne l’éducation du goût.
10. Découpage.
— La sûreté de la main est ici plus nécessaire que jamais, puisque d’aucune
façon l’erreur d’un morceau découpé ne saurait être réparée.
Il va sans dire que nous ne prétendons nullement avoir
épuisé le nombre des travaux qui conviennent aux enfants, pas plus dans les
1.200 gravures qui composent cet album que dans les autres travaux dont nous
suggérons l’idée. Bien loin de là ! — et cependant nous nous rendons
parfaitement compte qu’on n’exécutera guère tout
ce que nous indiquons. C’est un idéal auquel il sera rare d’atteindre avec
l’outillage ordinaire et les exigences de science livresque de plus en plus
précoce.
Mais, souhaitant que toutes les institutrices se prennent
d’un sérieux intérêt pour quelques exercices au moins, nous avons voulu que
chacune eût la chance de rencontrer ce qui répondrait le mieux à ses goûts et à
ceux de son entourage.
En même temps — ce qui n’est point une contradiction —
nous espérons que, grâce à leur inépuisable ingéniosité, bien des mamans et des
institutrices, prenant pour point de départ les travaux que nous recommandons,
en inventeront de nouveaux d’autant plus attrayants et exécutables qu’ils leur
seront plus personnels. Ne réussit-on pas toujours mieux son œuvre que celle d’autrui?
Et, si ce volume devient à la fois un initiateur et un
guide qui provoque d’incessants efforts pour rendre le temps de l’enfance plus
doux et plus profitable, il aura réalisé toute notre ambition.
RÈgles gÉnÉrales
1° Tout exercice doit au début être très simple et aller
du facile au difficile en se compliquant peu à peu suivant le développement de
l’élève.
2° Tout exercice doit atteindre un certain degré de
perfection avant d’être remplacé par un autre.
3. Tout exercice doit être conduit de façon à provoquer
toute l’intensité d’attention dont l’enfant est capable ; il doit avoir une
durée variable qui ne dépasse jamais la force d’attention de la moyenne des
élèves.
4° Tout exercice doit être combiné en vue d’un résultat
éducatif nettement défini et tendre non seulement au développement général,
mais au développement de facultés déterminées.
5° Les exercices seront très variés pour exercer tour à
tour les diverses facultés.
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Dessin - Travaux manuels
Manuels sur le blog au 15/08/2014 :
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