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jeudi 7 novembre 2013

"Quelle histoire pour le certificat d’études ?" de Philippe Savoie.

DoctorWho 

sur le fil :  

présente :
Un article sur le sujet du certificat d'étude :
"Quelle histoire pour le certificat d’études ?" de Philippe Savoie.
http://histoire-education.revues.org/1234

Référence papier

Philippe Savoie, « Quelle histoire pour le certificat d’études ? », Histoire de l’éducation, 85 | 2000, 49-72.

Référence électronique

Philippe Savoie, « Quelle histoire pour le certificat d’études ? », Histoire de l’éducation [En ligne], 85 | 2000, mis en ligne le 23 mars 2009, consulté le 07 novembre 2013. URL : http://histoire-education.revues.org/1234 ; DOI : 10.4000/histoire-education.1234


Doctor Who : Des nuances intéressantes sur les effets pervers propres à tout examen, mais surtout la même erreur, commune avec la plupart des historiens de l'éducation : penser la démocratisation de l'enseignement seulement à travers le critère du diplôme, vu comme un simple laisser-passer social et professionnel.
Philippe Savoie a écrit: Dans un cas comme dans l’autre, on semble être devant un phénomène qu’on pourrait qualifier, pour emprunter aux économistes de l’éducation le paradigme du capital humain, de propension différentielle à investir dans l’éducation en fonction des probabilités de rendement de cet investissement, ou tout simplement, pour les plus pauvres, en fonction des capacités d’investissement de la famille. Et l’étude, à partir des registres matricules d’une série d’écoles aux profils différenciés, des devenirs professionnels ou scolaires des élèves sortis de l’école avec ou sans certificat, démontre que la valeur d’usage d’un CEP n’est pas la même selon le milieu d’origine. Les groupes sociaux qui rentabilisent le mieux l’obtention d’un CEP, pour poursuivre des études ou pour travailler directement, sont aussi ceux qui s’y présentent le plus et qui y réussissent le mieux. Il semble bien aussi, malgré la base statistique plus étroite de cette partie de l’étude, que les filles soient dans l’ensemble, à origine sociale égale, moins bénéficiaires d’une réussite au CEP que les garçons.

Jusqu’aux années 1930, la grande masse de la population primaire a essentiellement pour horizon, en cas de réussite scolaire, les enseignements primaire supérieur ou technique. L’étude statistique rend compte, à partir de cette époque, de la secondarisation progressive d’une partie des élèves de l’enseignement primaire, qui sortent de l’école élémentaire sans passer le certificat d’études. On retrouve dans ce phénomène les mêmes clivages sociaux et sexuels qu’en matière de démocratisation du certificat. En fin de compte, on observe un glissement général : à mesure que des catégories sociales nouvelles s’approprient massivement le certificat d’études, les catégories sociales plus élevées se tournent vers l’enseignement secondaire ; de même, quand les filles sont de plus en plus nombreuses à passer le CEP, les garçons ont déjà commencé à s’en détourner pour entrer en 6e. Le constat est plutôt accablant, quoique pas vraiment nouveau : l’école primaire de la Troisième République n’est pas tout à fait la formidable machine égalitaire qu’on aimerait y voir. Selon le milieu d’origine, selon le sexe, elle produit, à capacité égale (ce qui est déjà socialement problématique), des effets sociaux différents. L’incapacité de l’école à transcender les différences sociales collectives n’est donc pas nouvelle.

Cependant, s’il valide globalement l’application de la théorie de la reproduction sociale à l’école primaire de la Troisième République, C. Carpentier sait en montrer les nuances et les marges d’indécision. Par exemple, la composition sociale d’ensemble de l’établissement influe sur le comportement des différents groupes sociaux auxquels appartiennent ses élèves à l’égard du certificat d’études ; et la proximité d’une EPS exerce un effet d’attraction évident sur le public des écoles voisines, conformément à un phénomène déjà largement mis en valeur par d’autres auteurs. De quoi désespérer tout de même un peu plus les nostalgiques de l’école républicaine d’antan : leur doux paradis scolaire était déjà miné par les disparités géographiques. Mais peut-être aussi de quoi imaginer des marges d’action pour desserrer l’étau de la fatalité sociale. 

DoctorWho : Le niveau réel d'instruction est laissé de côté, ou traité partiellement dans la troisième partie, avec des arguments parfois justes, parfois contestables.

http://freneydoisans.com/freneytique/les-diplomes-de-nos-grands-parents/


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Voir aussi :
Delord Michel, "Connaissances en français et en calcul des élèves des années 20 et d'aujourd'hui", Bilan partagé ?

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